Cette postface à l’ouvrage collectif « Les politiques culturelles locales en France : enjeux et institutionnalisation » propose une double lecture des travaux présentés dans ce recueil. Une lecture en éclaté permet de saisir l’analyse des politiques culturelles locales sous les angles combinés de l’histoire sociale, culturelle et politique ou, plus précisément, d’indiquer quelques combinaisons possibles de ces trois histoires sur le terrain des politiques culturelles locales. Une lecture en creux attire l’attention sur les absences, les silences, les évidences non questionnées de ces analyses, en revenant notamment sur le risque d’un point de vue trop exclusivement institutionnel et sur celui de l’enfermement dans le cadre national.

Cet article revient sur la diffusion des catégories de pensée de l’économie dans le champ de la culture. Il expose plus précisément trois facteurs qui ont conduit à cette « économicisation » de la culture : expansion de la science économique, conditions du développement de la politique culturelle de l’État et transformations intervenues dans le fonctionnement du champ culturel.

Notice de Vincent Dubois dans "Dictionnaire des politiques culturelles de la France depuis 1959".

Notice de Vincent Dubois dans "Dictionnaire des politiques culturelles de la France depuis 1959".

Revenant sur une tentative avortée d’affirmation d’une politique artistique d’État, cet article éclaire en creux les conditions socio-historiques de son institutionnalisation. Seule structure de ce type tout au long de la IIIe République, le ministère des Arts créé en novembre 1881 inscrit la politique artistique dans les fonctions d’un gouvernement républicain. Inscription toute temporaire, puisque ce ministère disparaît après deux mois et demi d’existence, en janvier 1882, et n’est jamais reconstitué. Au-delà du récit d’une expérience, revenir sur cet épisode permet d’éclairer la genèse de l’intervention culturelle publique, en exhumant une forme historique à un moment envisagée, puis écartée, du traitement public de l’art. Cette structure politico-administrative forme en effet la première objectivation institutionnelle des fonctions assignées par l’Etat dans ce domaine (conservation, aide à la création, diffusion). Ce possible évacué tendait à promouvoir une conception spécifique de l’art et de ses problèmes, qui trouve son origine dans la rencontre entre le mouvement des arts dits décoratifs ou industriels, les milieux de l’art dit libre (incarné à l’époque par l’impressionnisme), et la « nébuleuse réformatrice » (Topalov) qui, autour de Gambetta, articule enjeux économiques (rôle des industries d’art dans le commerce international) et humanisme républicain (diffuser le « sentiment du Beau »). Édifié sur cette base, le ministère des Arts doit en retour faire correspondre la vie artistique « à l’état de nos mœurs », comme le dit le ministre. La création de ce ministère est ainsi exemplaire des échanges entre « le corps social » et « l’organe gouvernemental », pour le dire comme Durkheim, dont les résultats ne sont ni prévisibles ni intangibles.

Notice de Vincent Dubois dans "Dictionnaire des politiques culturelles de la France depuis 1959".

Notice de Vincent Dubois dans "Dictionnaire des politiques culturelles de la France depuis 1959".