Vincent Dubois SAGE (UMR 7363)
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La question technocratique.

De l’invention d’une figure aux transformations de l’action publique (dir., avec D. Dulong)

Dans les années 1930, la notion de technocratie désigne un mouvement politique essentiellement composé d’ingénieurs, qui espèrent transformer l’organisation économique et sociale des Etats-Unis. En France à cette époque, on commence à l’employer pour désigner la nébuleuse des réformateurs d’Etat. Dans l’après Seconde Guerre mondiale, puis dans les années 1960, elle devient l’enjeu de polémiques entre savants : la seconde moitié du XXe siècle sera-t-elle dominée par les "directeurs" ? La Ve République marquera-t-elle la "fin des politiques" et le règne des hauts fonctionnaires ? Depuis, la question technocratique s’est installée dans le discours politique et journalistique où elle connaît un important succès.
Grosse de ces usages historiques multiples, la notion de technocratie permet de réaliser un précipité d’éléments assez disparates, du poids de l’administration à un mode de gouvernement distant, en passant par les différents usages politiques de l’expertise. Plus encore, elle construit un portrait "négatif" du représentant politique, mobilisé au sein des luttes dans lesquelles sont sans cesse redéfinies les qualités requises pour l’exercice légitime du pouvoir politique. D’idéal d’organisation, la technocratie est ainsi devenue l’antithèse de la démocratie dont, comme une image incarnée du Mal en politique, elle sert en retour le culte._ Ce livre analyse tout d’abord ces usages multiples et souvent polémiques. En revenant sur les principaux espaces et moments de la formation de la figure du technocrate - du Comitee on Technocracy aux débuts de la Ve République, du concours de l’ENA aux "technocrates de Bruxelles"- les contributions réunies ici éclairent la constitution de cette catégorie de l’entendement et du jugement politiques. Cet ouvrage rend également compte des transformations intervenues, surtout depuis les années 1960, dans la morphologie des groupes dirigeants et les manières de faire des politiques. Les formes et la portée d’un processus de technicisation de l’action publique sont ainsi analysées dans le cas de la Commission européenne, des politiques locales, des politiques de la famille, de l’emploi, de l’environnement ou encore de la culture. Car quand bien même la technocratie revêt une dimension mythique, les usages sociaux de cette notion constituent aussi un reflet, fut-il déformé, de changements objectifs et de rapports de force. Et c’est là tout l’intérêt de ce double regard sur la question technocratique.

 Introduction générale (Vincent Dubois et Delphine Dulong)

Partie 1. LES FIGURES DU TECHNOCRATE : INVENTIONS ET USAGES SCIENTIFIQUES ET SOCIAUX

 Introduction (Jacques Lagroye)
 Technocracy ou la science contre l’économie : un mouvement américain des années 30 (Didier Renard)
 Technocracie et démocratie : élites dirigeantes et réforme technicienne de l’Etat dans la France de l’entre-deux guerres (Gilles Pollet)
 La technocratie sous Vichy : contuinité et représentations (François Rouquet)
 La technocratie (au) miroir des sciences sociales : la réflexion technocratique en France (1945-1960) (Delphine Dulong)
 "L’entrée en technocratie" : le concours de l’ENA et les transformations du modèle du haut fonctionnaire (Michel Mangenot)
 Les réalités d’un mythe : figure de l’eurocrate et institutionnalisation de l’Europe politique (Didier Georgakakis)

Partie 2. LA "TECHNICISATION" DE L’ACTION PUBLIQUE : LIEUX, MODALITES ET ENJEUX

 Introduction (Bruno Jobert)
 Décembre 1958 ou le temps de la révélation technocratique (Brigitte Gaïti)
 Politique familiale et mode de gestion technocratique (Rémi Lenoir)
 Une technocratie du chômage ? Les acteurs de la politique de l’emploi et la technicisation de l’action publique (1981-1993) (Pierre Mathiot)
 La technocratie comme extension, cumul et différenciation continue des pouvoirs : le cas des poltiques de l’environnement (Pierre Lascoumes)
 L’administration culturelle entre légitimation technique et dénégation technocratique (Vincent Dubois)
 Des "managers" très politiques : les secrétaires généraux des villes (Olivier Roubieu)
 Le lieu du politique, l’usage du technocrate : "hybridation" à la Commission européenne (Irène Bellier)

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